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Article : Sculpture moderne




Sculpture moderne

Sculpture moderne (Beaux arts) La sculpture moderne est comme je viens de le dire dans l'article précédent, celle qu'on vit renaître avec la peinture, en Italie, sous les pontificats de Jules II et de Léon X. En effet, on peut considérer la sculpture et la peinture comme deux soeurs, dont les avantages doivent être communs, je dirais presque comme un même art, dont le dessin est l'âme et la règle, mais qui travaille diversement sur différentes matières. Si la poésie ne paraît pas aussi nécessaire au sculpteur qu'au peintre, il ne laisse pas d'en faire un tel usage, qu'entre les mains d'un homme de génie, elle est capable des plus nobles opérations de la peinture : j'en appelle à témoins les ouvrages de Michel-Ange, et du Goujon ; le tombeau du cardinal de Richelieu, et l'enlèvement de Proserpine, par Girardon ; la fontaine de la place Navonne, et l'extase de sainte Thérèse, par le cavalier Bernin ; le grand bas-relief de l'Algarde qui représente S. Pierre et S. Paul en l'air, menaçant Attila qui venait à Rome pour la saccager.

La beauté de ces morceaux et de quelques autres, ont engagé des curieux à mettre en problème, si la sculpture moderne n'égalait point celle des Grecs, c'est-à-dire, ce qui s'est fait de plus excellent dans l'antiquité. Comme nous sommes certains d'avoir encore des chefs-d'oeuvre de la sculpture antique, il est naturel de nous prêter à l'examen de cette question.

Pline parle avec distinction de la statue d'Hercule, qui présentement est dans la cour du palais Farnèse ; et Pline écrivait quand Rome avait déjà dépouillé l'Orient de l'un des plus beaux morceaux de sculpture qui fussent à Rome. Ce même auteur nous apprend encore que le Laocoon qu'on a vu dans une cour du palais du Belvédère, était le morceau de sculpture le plus précieux qui fût à Rome de son temps ; le caractère que cet historien donne aux statues qui composent le groupe du Laocoon, le lieu où il nous dit qu'elles étaient dans le temps qu'il écrivait, et qui sont les mêmes que les lieux où elles ont été déterrées depuis plus de deux siècles, rendent constant, malgré les scrupules de quelques antiquaires, que les statues que nous avons sont les mêmes dont Pline a parlé ; ainsi nous sommes en état de juger si les anciens nous ont surpassé dans l'art de la sculpture : pour me servir d'une phrase du palais, les parties ont produit leurs titres.

Il est peu de gens qui n'aient ouï parler de l'histoire de Niobé, représentée par un sculpteur grec, avec quatorze ou quinze statues liées entre elles par une même action. On voit encore à Rome dans la vigne de Médicis, les savantes reliques de cette belle composition. Le Pasquin et le Torse du Belvédère, sont des figures subsistantes du groupe d'Alexandre, blessé, et soutenu par des soldats. Il n'y a point d'amateurs des beaux arts, qui n'aient vu des copies du gladiateur expirant, qu'on a transporté au palais Chigi ; ils ne vantent pas moins le groupe de Papirus et la figure nommée le Rotateur ; s'il est quelqu'un à qui ces morceaux admirables soient inconnus, il en trouvera la description dans ce Dictionnaire ; or je n'entendis jamais dire à un juge impartial, qu'ils ne surpassent infiniment les plus exquises productions de la sculpture moderne. Jamais personne n'a comparé, avec égalité de mérite, le Moïse de Michel-Ange, au Laocoon du Belvédère ; la préférence que le même Michel-Ange donna si hautement au Cupidon de Praxitèle sur le sien, prouve assez que Rome la moderne ne le disputait pas plus aux Grecs pour la sculpture, que ne le faisait l'ancienne Rome ; Et comment les modernes pourraient-ils entrer en concurrence ? Les honneurs, les distinctions, les encouragements, les récompenses, tout manque à leur zèle, et à leurs travaux ; la nature qu'ils copient est sans sentiment et sans action ; ils ne peuvent s'exercer que sur des hommes qui n'ayant fait que des exercices de force, n'ont jamais connu les situations délicates ou nobles qui dans leur état eussent paru ridicules. Inutilement voudrait-on donner à de simples artisans, dans le temps qu'on les dessine, la position d'un héros ; on n'en fera jamais que des personnages maussades, et dont l'air sera décontenancé ; un pâtre revêtu des habits d'un courtisan, ne peut déguiser l'éducation de son village ; mais les Grecs qui copiaient la belle nature, habitués à l'émotion et à la noblesse, purent donner à leurs ouvrages une vérité, une force d'expression, que les modernes ne sauraient attraper ; ces derniers ont rarement répandu de la physionomie dans toutes les parties de leurs figures, souvent même ils ne paraissent avoir cherché l'expression que dans les traits du visage ; alors afin que cette expression fût plus frappante, ils n'ont pas craint quelquefois de passer la nature, et de la rendre horrible ; les anciens savaient bien mieux se retenir dans la vérité de l'imitation. Le Laocoon, le Gladiateur, le Rotateur dont nous avons parlé, nous intéressent ; mais ils n'ont rien d'outré ni de forcé.

Cependant la sculpture moderne a été poussée fort loin, elle a découvert l'art de jeter en fonte les statues de bronze, elle ne cède en rien à la sculpture antique pour les bas reliefs, et elle l'a surpassé dans l'imitation de quelques animaux, s'il est permis d'appuyer ce jugement sur des exemples particuliers. A considérer les chevaux de Marc-Aurèle, ceux de Monte-Cavallo, les prétendus chevaux de Lysippe qui se trouvent sur le portail de l'église de S. Marc à Venise, le boeuf de Farnèse, et les autres animaux du même groupe, il paraîtrait que les anciens n'ont point connu comme nous, les animaux des autres climats, qui étaient d'une plus belle espèce que les leurs. Quelqu'un pourrait encore imaginer qu'il semble par les chevaux qui sont à Venise, et par d'anciennes médailles, que les artistes de l'antiquité n'ont pas observé dans les chevaux, le mouvement diamétral des jambes ; mais il faut bien se garder de décider sur de si légères apparences.

Encore moins faut-il se persuader que les Grecs aient négligé de représenter les plis et les mouvements de la peau dans les endroits où elle s'étend, et se replie selon le mouvement des membres ; il est vrai que le sentiment des plis de la peau, de la mollesse des chairs, et de la fluidité du sang, est supérieurement rendue dans les ouvrages du Puget ; mais ces vérités se trouvent-elles moins éminemment exprimées dans le Gladiateur, le Laocoon, la Vénus de Médicis ? etc. Je suis aussi touché que personne de l'Andromède, mais combien l'était-on dans l'antiquité des ouvrages de Polyclète ? Ne sait-on pas que sa statue du jeune homme couronné, était si belle pour l'expression des chairs, qu'elle fut achetée environ vingt mille louis ? ce serait donc une espèce de délire, de contester aux Grecs la prééminence qui leur est encore due à cet égard ; il n'y a que la médiocrité qui s'avise de calculer à l'insu du génie.

L'Europe est trop heureuse que la ruine de l'empire grec y ait fait refluer le peu de connaissances dans les arts, qui restaient encore au monde. La magnificence des Médicis, et le goût de Léon X, les fit renaître.

La richesse des attitudes, la délicatesse des contours, l'élégance des ondulations, avaient été totalement oubliées pendant plusieurs siècles. Les Goths n'avaient su donner à leurs figures ni grâce ni mouvement ; ils imaginaient que des lignes droites et des angles aigus, formaient l'art de la sculpture ; et c'est ainsi qu'ils rendaient les traits du visage, les corps et les bras ; leurs statues portaient des écriteaux qui leur sortaient de la bouche, et où on pouvait lire les noms et les attributs des représentations qui n'avaient rien de ressemblant. Les modernes reconnurent ces ridicules extravagances, et se rapprochèrent sagement de l'antique.

Michel Ange rouvrit en Italie les merveilles de la sculpture, et le Goujon imita ses traces ; il a été suivi par Sarrasin, le Puget, Girardon, Coysevox, Coustou, Le Gros, etc. qui ont élevé cet art dans la France, à une supériorité glorieuse pour la nation ; vous trouverez leurs articles au mot SCULPTEURS MODERNES.

Je ne veux point prévoir la chute prochaine de cet art parmi nous ; mais selon toute apparence, il n'y règnera pas aussi longtemps que chez les Grecs, à la religion desquels il tenait essentiellement.

Ne voyons-nous pas déjà la dégénération bien marquée de notre peinture ? Or comme je l'ai dit, la peinture et la sculpture sont deux soeurs à peu près du même âge, extrêmement liées ensemble, et qui subsistent des mêmes aliments, honneurs, récompenses, distinctions, dont la mode ne doit pas être l'origine.

La sculpture tombera nécessairement chez tous les peuples qui ne tourneront pas ses productions à la perpétuité de leur gloire, et qui n'associeront ni leurs noms, ni leurs actions, aux travaux des habiles artistes.

Enfin plusieurs raisons, qu'il n'est pas nécessaire de détailler, nous annoncent que la sculpture serait déjà fanée dans ce royaume, sans les soins continuels du prince qui la soutient par de grands ouvrages auxquels il l'occupe continuellement.

(D.J.)



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